MISSILE BALISTIQUE

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Missile balistique
Un missile balistique est une fusée de forme allongée aérodynamique portant une charge nucléaire, bactériologique ou chimique qui explose ou diffuse ses composants au dessus de son objectif. Le sommet, ou corps de ré-entrée, est constitué d'une coiffe abritant la ou les charges de combat (nucléaires, chimiques ou bactériologiques) protégées par un bouclier thermique, et le système de guidage. Le corps central est constitué de plusieurs étages contenant chacun leur réservoirs de carburant et leurs moteurs de propulsion. Ce missile est appelé balistique par sa trajectoire. En effet, les moteurs n'assurent que l'ascension jusqu'au sommet d'une trajectoire parabolique (hors de l'atmosphère pour un missile intercontinental) puis le missile retombe comme un obus en suivant une trajectoire dite balistique, les têtes étant ensuite ejectées. L'ensemble du vol est à vitesse supersonique (plus de 20000 km/h). Le premier missile balistique de l'histoire fut le V-2.
La miniaturisation technologique est telle qu'un missile d'une portée supérieure à 8000 km (Trident II) a une longueur de seulement 13 m, un diametre de 2 m, une masse de 65 tonnes.

Historique

Le premier missile balistique opérationnel de l'histoire fut le V-2 (V de l'allemand Vergeltunsmaßnahme qui signifie représailles) conçu par Werner Von Braun, père des fusées spatiales américaines. Le premier missile balistique nucléaire opérationnel fut le SS-N-4 soviétique, tiré depuis les sous-marins de la classe Zulu V (propulsion diésel - 2 missiles). Le premier missile balistique nucléaire intercontinental opérationnel fut le R-7 soviétique conçu par Sergei Korolev, père des fusées spatiales soviétiques. Ce fut un missile directement pris dans le stock de l'armée (auquel la tête nucléaire fut remplacée par le Spoutnik) qui marqua le début de l'ère spatiale en 1957 et une version améliorée (tête nucléaire remplacée par un étage supplémentaire) qui envoya le premeier homme dans l'espace, Youri Gagarine en 1961.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne étudia un système de lancement depuis la mer pour le V-2. Repris par les USA en 1947 pour le missile de croisière Regulus, il fut abandonné. C'est finalement l'URSS en 1956 qui conçu le premier système maritime opérationnel de lancement de missile balistique avec le missile SS-N-4. D'une portée de 900 km, tiré en surface depuis un sous-marin de classe Zulu V à propulsion diesel, ce système d'arme n'était destiné qu'à la flotte Américaine. C'est en 1960 avec le missile Polaris et la classe George Washington que les USA prirent l'avantage avec une portée initiale de 1800 km, une puissance de 600 kt, et surtout pouvant être tiré en plongée.

Les évolutions furent d'abord pour la portée et la précision (Polaris A2 - 2700 km), puis l'emport de têtes multiples ou MRV (Polaris A3 - 4600 km), suivis par le Poseidon C3 et ses têtes multiples indépendantes ou MIRV en 1972, Trident IC4 en 1979, Trident IID5 en 1990.

Charge

de

combat

Les missiles embarqués sont à charge nucléaire. D'abord unique, de grande puissance ( > 1 mt) pour compenser l'imprécision et pesant plusieurs tonnes, ces charges sont maintenant multiples et de puissance moyenne (100 kt). Les têtes multiples (MRV-Multiple Reentry Vehicle ou MIRV-Multiple Independant Reentry Vehicle ) élargissent le champ d'action et rendent l'interception plus difficile.

Selon la capacité du missile à sortir de l'atmosphère (missile de moyenne et longue portée), la coiffe ou les têtes sont renforcées par un bouclier thermique pour les empêcher de brûler pendant la rentrée. Des sécurités empêchent toute explosion nucléaire jusqu'à ce que le missile ait atteint une certaine vitesse, voire même jusqu'à la séparation d'avec les étages de propulsion. Jusqu'à présent, l'origine d'explosions de missiles a toujours été le carburant de propulsion liquide.

Propulsion

Les moteurs fusée sont à poudre ou à carburant liquide. Plus stable, la poudre comporte moins de risque de stockage que les carburants liquides, très réactifs à l'eau et très toxiques, mais s'altere avec le temps et oblige à démonter entièrement le missile pour la remplacer alors qu'un carburant liquide, il suffit de vidanger et refaire le plein. Mais avec la poudre la mise à feu est immédiate, alors qu'avec du carburant liquide, il y a un délai de préparation (complément plein, pressurisation réservoirs...). De plus, pour les sous-marins, le missile peut comporter à sa base une charge de gaz comprimé pour son éjection du tube.

Lancement

Les premiers missiles pour sous-marins ne pouvaient être tirés qu'en surface. Puis le lancement put être effectué en plongée à la profondeur moyenne de 50 m. Le missile s'éjecte (charge de gaz intégrée au missile) ou est éjécté de son tube (charge de gaz du tube), sort de l'eau, puis mis à feu. Cependant, certains sous-marins (classe Typhon) peuvent lancer leurs missiles étant en surface, et cela même du quai auquel ils sont amarrés, la mise à feu étant effectuée directement dans le tube.

Le missile est détectable dès la sortie de l'eau, en général par satellite. Cela révèle la présence du sous-marin, le profil de vol particulier du missile facilitant la détermination de la position du sous-marin.

Guidage

Il existe deux manières de guider un missile ballistique :

  • Soit le missile est programmé pour voler à telle vitesse pendant tel temps dans telle direction. Dans ce cas le missile n'a pas besoin de savoir d'ou il décolle, le système de guidage est des plus simples (calculs de trajectoire effectués une fois pour toute avant le lancement), mais l'imprécision augmente avec la distance à parcourir. C'était le cas des premières générations de missile.
  • Soit il est indiqué au missile d'ou il décolle et ou il doit aller. Dans ce cas, le missile ajuste lui même sa trajectoire, le système de guidage est bien plus complèxe, mais il est plus précis, le missile est plus autonome et peut être lancé de n'importe ou.

Mais dans les deux cas, il est nécessaire de connaître avec précision la position de lancement (voir Navigation), soit pour les calculs d'avant décollage, soit pour la communiquer au missile.

Le guidage est effectué par un système de navigation inertiel (voir Navigation) et peut-être même complété par un GPS (à prendre avec précaution car cela enlève son autonomie au système). De plus il comporte une logique de correction face aux perturbations (atmosphériques) rencontrées pendant le vol.

Comme indiqué plus haut, la trajectoire est balistique, la distance par rapport à la cible et le temps de réaction rendent toute interception impossible pendant l'ascension. Cela ne peut être réalisé que pendant la phase de ré-entrée, en général au dessus du territoire visé et à portée d'éventuels systèmes de défense, dont la tâche est facilitée par la nature prévisible de la trajectoire mais rendue difficile par la multiplicité des têtes.

La trajectoire peut être aussi à basse altitude (ou dite surbaissée). Dans ce cas, la portée est très réduite et implique que le sous-marin puisse s'approcher de la cible en toute tranquilité (grace à un système de propulsion silencieux par éxemple). Le missile étant à vitesse supersonique, il est pratiquement invulnérable.