Un missile de croisière est en fait un mini avion à
réaction de forme allongée aérodynamique portant une
charge qui explose au contact ou à proximité de son objectif,
une ville (charge nucléaire), un batiment, une coque de navire.
La partie avant, le cône, contient les appareils de guidage. La partie
centrale, cylindrique, contient la charge explosive, son dispositif
de mise de feu, le réservoir de carburant et porte les ailes.
La partie arrière, de forme tronconique, contient le moteur de propulsion
et porte l'empennage de stabilisation et les gouvernails. Puis vient
un moteur de décollage larguable. Ce missile est appelé
de croisière par sa
trajectoire. En effet, celle-ci est un vol à vitesse subsonique,
suivant le relief, et prennant des détours pour arriver à
sa cible. Le premier missile de croisière de l'histoire fut
le V-1.
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Historique
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Le premier missile de croisière opérationnel de l'histoire fut le V-1
(V de l'allemand Vergeltunsmaßnahme qui signifie représailles) conçu
par Werner Von Braun, père des fusées spatiales américaines.
Le premier missile jamais lancé depuis un sous-marin était
un missile de croisière. L'éssai fut effectué par
les USA en Février 1947 avec une copie du V-1
tout en reprenant le principe de lancement maritime inventé par
l'Allemagne pour le V-2. Par la suite, les USA développèrent
le programme Regulus.
Ce missile, prévu pour transporter une charge nucléaire
sur un objectif terrestre, était logé dans un container
accroché au sous-marin mais avait l'inconvénient de ne
pouvoir être lancé que de la surface.
Ce projet de missile nucléaire mer-terre fut abandonné
au profit du programme Polaris.
Le premier missile de croisière vraiment opérationnel
était anti-navire. C'était le SS-N-3A Soviétique
d'une portée de 450 km et armé d'une ogive conventionnelle
de 1000 kg ou nucléaire destinée aux Task-forces Americaines.
Logé dans un container accroché au sous-marin (classe
Wiskey Twin-cylinder) ou partiellement intégré
(classe Wiskey Long bin), son intégration fut définitive
en 1962 avec la classe Echo II (8 missiles) mais il avait lui-aussi
l'inconvénient de ne pouvoir être lancé que de la surface
et d'avoir besoin d'un radar déporté (avion au sous-marin)
pour tirer au dela de l'horizon.
Vinrent ensuite d'autres missiles avec des sous-marins construits pour
et pouvant les tirer en plongée : Le SS-N-7 (classe Charlie
I - 8 missiles), SS-N-9 (classes Papa - 10 missiles
et Charlie II - 8 missiles), le SS-N-19 (classe Oscar
- 24 missiles), tous anti-navire. Ce ne fut qu'au milieu des années
70, voyant une faille dans le traité SALT 1 de limitation des
armements, que les USA revinrent aux missiles de croisière avec
le B/UGM 109A Tomakawk à charge nucléaire. D'une
plus grande polyvalence avec l'adjonction de charges de combats adaptées,
il ne nécessite pas de sous-marin spécifique pour son
déploiement et peut être lancé à partir d'un
tube lance-torpille, cependant, à partir du USS Providence
(SSN-719), la classe Los-Angeles est munie de 12 tubes
de lancement verticaux. Des programmes de modernisation (Tomahawk
block 3 et block 4) ont été lancés depuis
et leurs charges nucléaires retirées du service en 1991.
C'est en 1980 que l'URSS mis en service le SS-N-21. Equivalent
du Tomakawk, ce missile peut être tiré d'un tube
lance torpille d'un sous-marin classe Akula, Sierra et
même Victor. Pouvant attaquer des cibles terrestre, il
donne ainsi aux Soviétiques les mêmes capacités
que les Américains, à savoir attaque terrestre par un
sous-marin d'attaque rapide et discret. Il fut suivi du SS-N-24.
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Charge
de
combat
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Les premières charges de combat furent nucléaires (Regulus
et SS-N-3) d'environ 100 kt. La puissance de la charge du B/UGM 109A Tomahawk
était de 200 kt, ces missiles ont eté retiré du service fin 1991.
La charge classique va de 450 kg (B/UGM 109B et C) jusqu'à
1000 kg (SS-N-3), elle est aussi bien utilisée contre
les navires que contre les batiments, mais nécessite un système
de guidage spécifique selon l'objectif. Elle peut être
munie d'un retardateur afin que le missile puisse pénetrer à
l'intérieur de sa cible avant l'explosion.
Pour le Tomakawk, d'autres charges concues pour des objectifs
terrestres sont misent en oeuvre. Un distributeur de 166 munitions pour
véhicules, personnel, avions, etc.. (B/UGM 109D) ou une
charge anti-piste (B/UGM 109F)
Des rapports non confirmés indiquent que pour la guerre du golfe,
des Tomahawks auraient été equipés de générateurs
à micro-ondes de haute puissance afin de perturber des circuits
électroniques.
A signaler qu'avec le présence du missile anti-navire Harpoon
à leur bord, les sous-marins Los Angeles n'emportent plus
de Tomakawk anti-navire.
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Propulsion |
Le moteur fusée de décollage, largué dès la sortie de l'eau,
est à poudre. Le moteur de propulsion est un turbo-réacteur.
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Lancement |
- L'arme, encapsulée dans un container, est chargée dans un
tube lance-torpille ou dans un
tube
de lancement vertical. L'ensemble est éjecté
par une chasse d'eau générée avec une pompe alimentée
par de l'air à haute pression ou par une charge de gaz, le container s'ouvre
et le moteur de décollage est mis à feu.
Ce type de lancement ne peut être effectué qu'en plongée.
Une fois le missile hors de l'eau, les ailes, l'empennage et l'entrée
du turboréacteur sont déployés, le moteur de décollage
étant largué. Le turboréacteur démarre et
le missile redescend à son altitude de vol (10 à 20 metres).
C'est dans cette phase que le sous-marin révèle
sa présence et sa position, à d'autres sous-marins par le bruit
du lancement, à d'autres navires par la détection radar du missile.
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Guidage |
Il existe deux manières de guider un missile de croisière
:
- Avant le décollage lui est programmé un cap avec des changements
de direction, pour contrer toute localisation du point de lancement. Dans ce cas le missile n'a
pas besoin de savoir d'ou il décolle, le système de
guidage est des plus simples (calculs de trajectoire effectués
une fois pour toute avant le lancement), mais l'imprécision
augmente avec la distance à parcourir et les changements de
direction.
- Soit il est indiqué au missile d'ou il décolle et
ou il doit aller. Dans ce cas, le missile ajuste lui même sa
trajectoire, le système de guidage est bien plus complèxe,
mais il est plus précis, le missile est plus autonome et peut
être lancé de n'importe ou.
Mais dans les deux cas, il est nécessaire de connaître
avec précision la position de lancement (voir Navigation), soit
pour les calculs d'avant décollage, soit pour la communiquer
au missile.
Le guidage jusqu'à la proximité de la cible est effectué
par un système de navigation inertiel comme le TERCOM
(TERrain COntour Matching). Ce système est aussi utilisé
pour le guidage final si la frappe n'est pas de haute précision (ou dite
chirurgicale). Il associe une centrale inertielle ou un récepteur GPS,
un radar altimétrique, et des cartes géographiques mémorisées, permettant
ainsi au missile de suivre le relief survolé (on parle d'une
altitude inférieure à 10 metres) avec précision.
Selon le besoin (frappe chirurgicale), un système tel que le
DSMAC
(Digital Scene Matching Area Corrolator) est utilisé pour le guidage
final sur des objectifs terrestres. Ce système fait une comparaison
visuelle entre ce que le missile survole et des images stockées dans
sa mémoire. Il consiste en une caméra de télévision à intensificateur
de lumière associée à un processeur de reconnaissance d'image. Ce dernier
aide au guidage final sur la cible dont l'image est enregistrée dans
sa mémoire.
Le guidage final sur un objectif maritime utilise un système de traque
semblable à celui utilisé par un missile anti navire.
La vitesse subsonique des missiles de croisières rend leur interception
plus facile, mais leur capacité de vol à basse altitude
(en dessous de toute couverture radar) associée à leur
navigation à direction multiple, et l'utilisation de systèmes
de guidage entièrement passif, rend leur détection très
difficile, sauf par un radar aéroporté.
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