MISSILE DE CROISIERE

Missile de croisière Américain B/UGM 109 Tomahawk

Un missile de croisière est en fait un mini avion à réaction de forme allongée aérodynamique portant une charge qui explose au contact ou à proximité de son objectif, une ville (charge nucléaire), un batiment, une coque de navire. La partie avant, le cône, contient les appareils de guidage. La partie centrale, cylindrique, contient la charge explosive, son dispositif de mise de feu, le réservoir de carburant et porte les ailes. La partie arrière, de forme tronconique, contient le moteur de propulsion et porte l'empennage de stabilisation et les gouvernails. Puis vient un moteur de décollage larguable. Ce missile est appelé de croisière par sa trajectoire. En effet, celle-ci est un vol à vitesse subsonique, suivant le relief, et prennant des détours pour arriver à sa cible. Le premier missile de croisière de l'histoire fut le V-1.

Historique

Le premier missile de croisière opérationnel de l'histoire fut le V-1 (V de l'allemand Vergeltunsmaßnahme qui signifie représailles) conçu par Werner Von Braun, père des fusées spatiales américaines. Le premier missile jamais lancé depuis un sous-marin était un missile de croisière. L'éssai fut effectué par les USA en Février 1947 avec une copie du V-1 tout en reprenant le principe de lancement maritime inventé par l'Allemagne pour le V-2. Par la suite, les USA développèrent le programme Regulus. Ce missile, prévu pour transporter une charge nucléaire sur un objectif terrestre, était logé dans un container accroché au sous-marin mais avait l'inconvénient de ne pouvoir être lancé que de la surface. Ce projet de missile nucléaire mer-terre fut abandonné au profit du programme Polaris.

Le premier missile de croisière vraiment opérationnel était anti-navire. C'était le SS-N-3A Soviétique d'une portée de 450 km et armé d'une ogive conventionnelle de 1000 kg ou nucléaire destinée aux Task-forces Americaines. Logé dans un container accroché au sous-marin (classe Wiskey Twin-cylinder) ou partiellement intégré (classe Wiskey Long bin), son intégration fut définitive en 1962 avec la classe Echo II (8 missiles) mais il avait lui-aussi l'inconvénient de ne pouvoir être lancé que de la surface et d'avoir besoin d'un radar déporté (avion au sous-marin) pour tirer au dela de l'horizon.

Vinrent ensuite d'autres missiles avec des sous-marins construits pour et pouvant les tirer en plongée : Le SS-N-7 (classe Charlie I - 8 missiles), SS-N-9 (classes Papa - 10 missiles et Charlie II - 8 missiles), le SS-N-19 (classe Oscar - 24 missiles), tous anti-navire. Ce ne fut qu'au milieu des années 70, voyant une faille dans le traité SALT 1 de limitation des armements, que les USA revinrent aux missiles de croisière avec le B/UGM 109A Tomakawk à charge nucléaire. D'une plus grande polyvalence avec l'adjonction de charges de combats adaptées, il ne nécessite pas de sous-marin spécifique pour son déploiement et peut être lancé à partir d'un tube lance-torpille, cependant, à partir du USS Providence (SSN-719), la classe Los-Angeles est munie de 12 tubes de lancement verticaux. Des programmes de modernisation (Tomahawk block 3 et block 4) ont été lancés depuis et leurs charges nucléaires retirées du service en 1991.

C'est en 1980 que l'URSS mis en service le SS-N-21. Equivalent du Tomakawk, ce missile peut être tiré d'un tube lance torpille d'un sous-marin classe Akula, Sierra et même Victor. Pouvant attaquer des cibles terrestre, il donne ainsi aux Soviétiques les mêmes capacités que les Américains, à savoir attaque terrestre par un sous-marin d'attaque rapide et discret. Il fut suivi du SS-N-24.

Charge

de

combat

Les premières charges de combat furent nucléaires (Regulus et SS-N-3) d'environ 100 kt. La puissance de la charge du B/UGM 109A Tomahawk était de 200 kt, ces missiles ont eté retiré du service fin 1991.

La charge classique va de 450 kg (B/UGM 109B et C) jusqu'à 1000 kg (SS-N-3), elle est aussi bien utilisée contre les navires que contre les batiments, mais nécessite un système de guidage spécifique selon l'objectif. Elle peut être munie d'un retardateur afin que le missile puisse pénetrer à l'intérieur de sa cible avant l'explosion.

Pour le Tomakawk, d'autres charges concues pour des objectifs terrestres sont misent en oeuvre. Un distributeur de 166 munitions pour véhicules, personnel, avions, etc.. (B/UGM 109D) ou une charge anti-piste (B/UGM 109F)

Des rapports non confirmés indiquent que pour la guerre du golfe, des Tomahawks auraient été equipés de générateurs à micro-ondes de haute puissance afin de perturber des circuits électroniques.

A signaler qu'avec le présence du missile anti-navire Harpoon à leur bord, les sous-marins Los Angeles n'emportent plus de Tomakawk anti-navire.

Propulsion

Le moteur fusée de décollage, largué dès la sortie de l'eau, est à poudre. Le moteur de propulsion est un turbo-réacteur.

Lancement
  • L'arme, encapsulée dans un container, est chargée dans un tube lance-torpille ou dans un tube de lancement vertical. L'ensemble est éjecté par une chasse d'eau générée avec une pompe alimentée par de l'air à haute pression ou par une charge de gaz, le container s'ouvre et le moteur de décollage est mis à feu. Ce type de lancement ne peut être effectué qu'en plongée.

Une fois le missile hors de l'eau, les ailes, l'empennage et l'entrée du turboréacteur sont déployés, le moteur de décollage étant largué. Le turboréacteur démarre et le missile redescend à son altitude de vol (10 à 20 metres).

C'est dans cette phase que le sous-marin révèle sa présence et sa position, à d'autres sous-marins par le bruit du lancement, à d'autres navires par la détection radar du missile.

Guidage

Il existe deux manières de guider un missile de croisière :

  • Avant le décollage lui est programmé un cap avec des changements de direction, pour contrer toute localisation du point de lancement. Dans ce cas le missile n'a pas besoin de savoir d'ou il décolle, le système de guidage est des plus simples (calculs de trajectoire effectués une fois pour toute avant le lancement), mais l'imprécision augmente avec la distance à parcourir et les changements de direction.
  • Soit il est indiqué au missile d'ou il décolle et ou il doit aller. Dans ce cas, le missile ajuste lui même sa trajectoire, le système de guidage est bien plus complèxe, mais il est plus précis, le missile est plus autonome et peut être lancé de n'importe ou.

Mais dans les deux cas, il est nécessaire de connaître avec précision la position de lancement (voir Navigation), soit pour les calculs d'avant décollage, soit pour la communiquer au missile.

Le guidage jusqu'à la proximité de la cible est effectué par un système de navigation inertiel comme le TERCOM (TERrain COntour Matching). Ce système est aussi utilisé pour le guidage final si la frappe n'est pas de haute précision (ou dite chirurgicale). Il associe une centrale inertielle ou un récepteur GPS, un radar altimétrique, et des cartes géographiques mémorisées, permettant ainsi au missile de suivre le relief survolé (on parle d'une altitude inférieure à 10 metres) avec précision.

Selon le besoin (frappe chirurgicale), un système tel que le DSMAC (Digital Scene Matching Area Corrolator) est utilisé pour le guidage final sur des objectifs terrestres. Ce système fait une comparaison visuelle entre ce que le missile survole et des images stockées dans sa mémoire. Il consiste en une caméra de télévision à intensificateur de lumière associée à un processeur de reconnaissance d'image. Ce dernier aide au guidage final sur la cible dont l'image est enregistrée dans sa mémoire.

Le guidage final sur un objectif maritime utilise un système de traque semblable à celui utilisé par un missile anti navire.

La vitesse subsonique des missiles de croisières rend leur interception plus facile, mais leur capacité de vol à basse altitude (en dessous de toute couverture radar) associée à leur navigation à direction multiple, et l'utilisation de systèmes de guidage entièrement passif, rend leur détection très difficile, sauf par un radar aéroporté.