TORPILLE

Torpille suedoise Type 617
Une torpille est en fait un mini sous-marin de forme allongée hydrodynamique portant une charge qui explose au contact ou à proximité de son objectif, la coque d'un navire ou d'un sous-marin. La partie avant, le cône, contient la charge explosive, son dispositif de mise de feu ainsi qu'un sonar de guidage. La partie centrale, cylindrique, contient la machinerie et les appareils de guidage. La partie arrière, de forme tronconique, contient le moteur de propulsion et porte l'empennage de stabilisation et les gouvernails.
Une torpille est un gros engin, la longueur peut aller jusqu'à 7 m pour un diametre de 53,3 cm, un poids de 1850 kg (Spearfish Anglaise).

Historique

La torpille est la première arme qui fit du sous-marin une machine de guerre. Les premières torpilles étaient de simples charges explosives montées sur une perche (David de Hunley) ou trainée au bout d'un câble (Nautilus de Fulton). Les chose changèrent dans les années 1900 avec les torpilles autopropulsées, en fait de véritables sous-marins miniatures. Les premières avaient un diamètre de 356 mm et évoluèrent jusqu'à 450 puis 533 mm juste avant la première guerre mondiale pour rester le standard encore utilisé de nos jours. Elles étaient propulsées à la vapeur et filaient tout droit. Dans les années 30 l'Allemagne inventa les torpilles électriques et à trajectoire programmable puis vinrent les torpilles autoguidées. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, beaucoup de programmes très couteux visant à améliorer les torpilles furent lancés, le plus important étant celui l'US Navy pour la Mark 48 ADCAP (ADvandced CAPabilities).

Charge

de

combat

Les premières étaient en fulmicoton (nitrate de cellulose), remplacé par du TNT à la première guerre mondiale puis par du Torpex (TNT plus additif) à la deuxième. D'autres additifs furent ensuite utilisés pour améliorer la puissance et la stabilité dans le temps, la quantité pouvant atteindre 300 kg ((Mark 48 ADCAP). Cependant, certains modéles peuvent être équipé d'une charge nucléaire.

La mise a feu est à contact ou par détecteur de proximité magnétique. Pour se prémunir d'un retournement de la torpille contre le lanceur, un dispositif de sécurité arme la charge de combat seulement quand la torpille a parcouru une certaine distance (en général 1000 m), ce qui interdit tout tir sur une cible située à distance inférieure.

Propulsion

Les torpilles à air sont équipées d'un moteur a pistons ou d'une turbine fonctionnant par la pression de gaz engendrés dans une chambre de combustion. Le combustible utilisé est le pétrole ou l'alcool. L'air nécessaire a la combustion est contenu dans un réservoir d'air comprimé sous 200 bars environ. Dans la chambre de combustion est injecté une petite quantité d'eau douce qui se vaporise immédiatement, ce qui a pour effet de refroidir les parois de la chambre et les gaz eux-mêmes et aussi d'augmenter le volume des gaz faisant marcher le moteur. Les gaz d'échappement sont évacués dans l'eau. Non solubles, ils laissent apparaître un sillage visible. Pour augmenter la puissance de la torpille a air, on peut utiliser de l'eau oxygénée ou de l'oxygène pur a la place de l'air comprimé; cela a aussi l'avantage de supprimer les bulles de gaz non solubles qui rendent le sillage visible. Leur vitesse peut atteindre 60 noeuds pour une portée de 50 km (Mark 48 ADCAP). Une autre solution consiste à utiliser du peroxyde d'hydrogène qui a la particularité de posséder en lui l'oxygène nécessaire à sa combustion, ce qui induit beaucoup de précautions d'utilisation à cause des risques d'incendie, cependant la marine suédoise l'utilise pour ses torpilles type 617.

Les torpilles électriques sont propulsées par un moteur électrique entrainé par des batteries d'accumulateurs. L'avantage de ces torpilles consiste en leur fonctionnement silencieux et l'absence derrière elles de sillage visible. Leur portée est inférieure aux torpilles à air (Tigerfish Anglaise : 35 km)

Les hélices sont contra-rotatives (sens de rotation inverse l'une par rapport à l'autre) pour éviter toute déviation.

Lancement

L'arme est chargée dans un tube lance-torpille porte extérieure fermée. Le tube est rempli et mis en équilibrage de pression. La porte extérieure est ouverte et l'arme est éjectée par une chasse d'eau générée avec une pompe alimentée par de l'air à haute pression. Le moteur est démarré dès la sortie du tube.

C'est dans cette phase assez bruyante que le sous-marin révèle sa présence et sa position, mais en général, seulement à d'autres sous-marins. Un navire de surface entend l'approche de torpille, pas le lancement.

L'autre inconvénient est pour le personnel du compartiment torpille qui subit une brusque surpression d'autant plus que le compartiment est fermé (en cas de voie d'eau à cause d'un défaut de la culasse de chargement).

Plus la profondeur est importante, plus il faut d'air comprimé pour lancer l'arme, air comprimé dont la quantité est limitée.

Guidage

Une torpille comporte des dispositifs distincts pour la tenue en immersion d'une part et pour le guidage en direction d'autre part

Tenue en immersion :

  • Une membrane hydrostatique (sur laquelle agit la pression de l'eau) branchée sur un pendule sert de régulateur d'immersion. La membrane étant reglée pour l'immersion choisie, le pendule atténue les réactions trop rapides du gouvernail aux indications de la membrane.

Guidage :

  • Un gyroscope est utilisé comme appareil de guidage en direction. Mis en marche lors du lancement de la torpille et tournant à très grande vitesse, il conserve toujours sa direction initiale. Si la torpille dévie de sa course, le gyroscope agit sur le commande du gouvernail pour corriger la trajectoire.
  • Trajectoire rectiligne (torpille non-autoguidée)

    La trajectoire en ligne droite implique que la torpille conserve la direction qu'elle avait au moment de son lancement, ou la direction préréglée avant le lancement (gyrodéviation). Il faut donc viser la position de la cible au moment ou la torpille coupera sa route. Cela nécessite une grande habilité de l'équipage. Pour augmenter les chances de d'impact, ces torpilles sont lancées en gerbe.

  • Trajectoire à programme (torpille non-autoguidée)

    Avant le lancement est déterminée une trajectoire quelconque, par exemple, une spirale, un zig zag, une sinusoide, un demi-tour après une certaine distance. Le guidage à programme est utilisé pour balayer une zone étendue et rendre ainsi plus difficile les manoeuvres de dérobement de la cible, augmentant de ce fait les chances d'impact.

  • Trajectoire guidée par tête chercheuse (torpille autoguidée)

    Les torpilles à tête chercheuse ou autodirectrices sont équipées d'un récepteur acoustique qui capte les ondes sonores engendrées la cible (hélices du navire ou de sous-marin) à attaquer. Elle peuvent aussi être équipées d'un sonar émettant des ondes ultrasonores dirigées. Lorsque ces ondes rencontrent un obstacle, elles sont réfléchies en partie et captées par le récepteur. Celui-ci agit sur la commande du gyroscope pour diriger la torpille vers l'obstacle en question. Cette méthode est toutefois très difficile à réaliser : les ondes parasites émises par les hélices, les vibrations de la torpille elle-même à vitesse élevée ainsi qu'un éventuel brouillage de la part de la cible couvrent les retours d'ondes sur le récepteur sonar. Elle comporte aussi le danger de voir la torpille se retourner contre le lanceur (USS Tang - SS 306 en Octobre 1944).

  • Trajectoire téléguidée par fil ou câble.

    Diriger une torpille par radio-commande est impossible en raison des difficultés de propagation des ondes radio dans l'eau. A l'aide d'un câble éléctrique relié à la torpille et se déroulant sur plusieurs kilomètres à partir du tube de lancement, le sous-marin peut contrôler celle-ci par télécommande tout le long de la trajectoire. Ce contrôle en temps réel permet de contrer les éventuels brouillages, d'activer le sonar de recherche de la torpille au dernier moment pour diminuer les chances de détection, etc, et ainsi assurer de meilleures chances d'atteindre la cible. Cependant, cette méthode implique que le sous-marin lanceur garde la porte du tube lance torpille ouverte tout le long de la trajectoire, rendant impossible tout rechargement. Toute coupure du câble (manoeuvre brusque du sous-marin lanceur ou fermeture de la porte du tube) fait passer la torpille en un mode pré-programmé (autoguidage - cas général - ou arret - cas de présence de navire allié dans la zone).